Retour sur la session plénière de BioFIT 2022

Retour sur la session plénière de BioFIT 2022 : Un paysage collaboratif en pleine évolution pour les acteurs des sciences du vivant

Cette 11ème édition de l’évènement dédié à l’innovation dans le secteur des Sciences du Vivant a été riche en conférences. Parmi celles-ci, la session plénière a vu le panel composé de Zuzanna Brzosko (Eli Lilly & Company), Anette Sommer (Pfizer), Vincent Brichard (EQT Life Sciences), Kristin Thompson, (eureKARE), Ajan Reginald (Roquefort Therapeutics PLC et Celixir) et modéré par Kathrin Ballesteros (NLC – The European Healthtech Venture Builder) se pencher sur le changement des dynamiques de collaboration dans le secteur.

 « En trois ans beaucoup de choses se sont passées dans le monde. La Covid-19 et la guerre en Ukraine sont les exemples les plus flagrants, et les répercussions économiques sont considérables. La géopolitique mondiale a permis de dégager plusieurs tendances. Les gouvernements ont pris conscience que la santé est un atout indispensable aussi en tant que pilier économique et politique. Il y a également une prise de conscience plus globale après la crise de la Covid-19 que la santé ne va pas de soi. On craint aujourd’hui l’émergence d’autres pandémies ou à la recrudescence de maladies déjà connues comme la dengue en raison du réchauffement climatique » explique Vincent Brichard, associé chez EQT Life Sciences.

Quels sont donc les impacts de ces changements et prise de conscience pour les acteurs de la biotech ?

Une multiplication des sources de financement

Le panel évoque une professionnalisation des fonds publics mais aussi une plus grande importance dans leurs investissements. Ces fonds viennent ainsi augmenter les opportunités de financement tout en participant à l’attractivité des jeunes entreprises.

Les fonds étrangers s’aventurent de plus en plus en Europe. On peut évoquer les investisseurs américains qui depuis les cinq dernières années investissent dans des projets européens à des stades avancés par manque de connaissance du marché. On peut imaginer qu’ils puissent se positionner de plus en plus tôt dans les années à venir. Les fonds asiatiques sont également de plus en plus présents en Europe, notamment les fond chinois et coréens.

La Covid-19 :  vecteur d’évolution dans la manière de construire les relations collaboratives

Zuzanna Brzosko, directrice senior stratégie d’entreprise et innovation externe chez Eli Lilly & Company évoque les bienfaits du digital : « On a réalisé qu’on pouvait rencontrer quelqu’un et discuter de son projet à distance et toujours être capable de tisser une relation. Le fait de ne pas avoir à se déplacer systématiquement pour mettre en avant son projet a également permis de mettre les jeunes entreprises sur un pied d’égalité. La rencontre physique reste le gage de confiance par excellence mais la digitalisation permet un plus grand brassage des projets. Nous devons continuer d’explorer cette manière de travailler en hybride pour garder le meilleur des deux mondes. »

Ajan Reginald PDG de Roquefort Therapeutics PLC et Directeur Général de Celixir porte lui un nouveau regard sur les collaborations qu’il entreprend : « Travailler dans des conditions aussi compliquées que pendant la période de la Covid-19 et accomplir de grandes choses dans un laps de temps restreint a changé notre manière de choisir nos collaborateurs. J’identifie désormais bien plus facilement les partenaires avec qui ça ne va pas fonctionner. Lorsque l’on me dit que quelque chose n’est pas faisable alors que j’ai rencontré des partenaires qui en étaient capables je sais tout de suite que la relation n’aboutira pas. D’une certaine manière cette crise a resserré le réseau de personnes avec qui je souhaite collaborer. »

La crise de la Covid-19 aurait permis d’élargir le champ des possibles des porteurs de projets tout en resserrant les liens entre les acteurs du secteur partageant la même manière de fonctionner. Difficile de savoir si les deux sont vraiment compatibles.

Un accompagnement anticipé au-delà de l’investissement

Les membres du panel se sont tous accordés sur un point : les investissements surviennent de plus en plus tôt. « Cette année nous avons fait entrer une entreprise au stade pré-clinique en bourse. Ce ne serait jamais arrivé 10 ans en arrière. » confie Ajan Reginald.

Anette Sommer, Directrice senior sciences émergentes et Directrice oncologie Europe chez Pfizer illustre le développement des stratégies d’investissement et de collaboration externe par la proximité entre son département et celui dédié aux investissements externes.

La manière même de penser l’innovation change. D’un modèle de projet fondé sur la solution, on migre vers des projets qui partent d’un problème. De cette manière il est bien plus facile de créer l’équipe idéale pour répondre aux besoins du projet. C’est ici qu’intervient l’accompagnement qui ne saurait se limiter à un financement : « lorsqu’on investit dans un projet, on ne met pas seulement un capital à disposition, on active également notre réseau, nos ressources matérielles et notre expertise en interne. On essaie de trouver des solutions qui font sens économiquement et scientifiquement pour le projet. » C’est la vision partagée par Zuzanna Brzosko.

Lorsqu’on demande au panel ce pour quoi ils veulent être sollicités, tous s’accordent à dire qu’ils recherchent en priorité un projet qui repose sur des bases scientifiques solides et bien pensées et qui répond à un problème non résolu. Le reste peut être étoffé par un accompagnement sérieux.

Des perspectives du secteur entre digitalisation et longévité

L’arrivée des grands groupes du digital dans le terrain de jeu médical, c’est ce qui selon Vincent Brichard, permettra des avancées considérables à l’avenir : «Google, et on pourrait en citer d’autres, s’intéressent de plus en plus au secteur médical et leur capital est considérable, leurs équipes compétentes dans des domaines qui complètent le nôtre comme l’intelligence artificielle. »

« L’étude de la longévité est également un sujet d’avenir et ces entreprises l’ont bien compris ». Cela ne veut pas nécessairement dire que la solution viendra des grands groupes, mais leur présence dans le secteur pourrait accélérer considérablement la recherche et multiplier les opportunités de collaboration à des stades peu avancés d’un projet. « Il est amusant de constater que d’ici 2030 une partie considérable de la population aura plus de 60 ans. Il me semble tout à fait naturel qu’une grande partie de la médecine soit consacrée à ces problématiques dans un avenir très proche. L’idée est que si les gens vivent de plus en plus longtemps, il faut œuvrer pour qu’ils soient dans la meilleure santé possible. C’est selon moi un sujet d’avenir. » complète Vincent Brichard. Des thématiques qui seront d’ailleurs abordées plus en détails les 6 et 7 mars prochains dans le cadre de l’événement AgeingFit.

BioFIT vous donne rendez-vous à Marseille les 12 et 13 décembre 2023 pour sa 12e édition. 

BioFIT 2022 en chiffres :

1ère

édition hybride, les 29 & 30 novembre à Strasbourg et les 7 & 8 décembre en ligne

+900

participants de 35 pays

80 

exposants

65

intervenants internationaux

40

projets et entreprises innovantes sélectionnés pour présenter à l’événement

3 200 

rendez-vous programmés grâce à la plateforme

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