La maladie de Parkinson (MP) touche des millions de personnes dans le monde et se caractérise par la perte de neurones produisant de la dopamine, molécule de signalisation essentielle au contrôle normaux des mouvements corporels. Les traitements médicamenteux qui remplacent la dopamine manquante améliorent sensiblement les symptômes de la maladie, mais ne peuvent ni ralentir ou arrêter la perte neuronale ni l’aggravation de la maladie avec le temps. Le fer est intimement lié à la production et à la dégradation de la dopamine. La réduction de l’excès de fer par des traitements appelés chélateurs du fer (« qui attrapent et éliminent le fer ») limite la mort neuronale. La défériprone qui a la capacité d’éliminer le fer des zones surchargées est un médicament utilisé en routine pour traiter la surcharge en fer dans une maladie rare des globules rouges (la « thalassémie ») depuis de nombreuses années. Des études antérieures menées sur de petits groupes de patients atteints de la maladie de Parkinson ont suggéré qu’un traitement à base de défériprone en plus des médicaments habituels de remplacement de la dopamine réduisait non seulement l’accumulation de fer dans le cerveau mais améliorait également le handicap moteur.
L’étude multicentrique et multinationale FAIRPARK-II, récemment publiée dans la revue New England Journal of Medicine, avait pour objectif d’analyser ce potentiel de neuroprotection de la deferiprone. FAIRPARK-II a été promu par la CHU de Lille, coordonnée par le Pr Devos avec le soutien stratégique du réseau « NS-PARK » appartenant à l’Infrastructure nationale de recherche clinique « F-CRIN » et de l’organisation européenne de recherche clinique « ECRIN ». Elle a recruté 372 personnes dans 23 centres en Europe afin de vérifier si la défériprone pouvait ralentir la progression de la maladie lorsqu’elle est administrée peu de temps après le diagnostic et avant le début du traitement symptomatique par des médicaments de remplacement de la dopamine. Les patients ont été répartis au hasard pour recevoir soit de la défériprone par voie orale, soit un placebo d’apparence identique pendant 9 mois. Afin d’éviter tout biais lié à l’attente d’un bénéfice, le traitement a été réalisé en « double aveugle », c’est-à-dire que les patients et les médecins traitants n’étaient pas au courant de l’affectation du traitement. L’analyse des résultats a ainsi montré que la deferiprone induit une réduction du fer dans les centres cérébraux importants pour le contrôle des mouvements. Cependant, de façon surprenante et contrairement à l’hypothèse de l’étude, le traitement par la défériprone a aggravé les symptômes. Ce résultat est inattendu et nécessite de repenser les concepts actuels sur le rôle de l’augmentation du fer cérébral dans la détérioration des cellules nerveuses dans la maladie de Parkinson.