Rencontre avec le Professeur Alain Destée, nouveau Président du Conseil scientifique et éthique du Bio-incubateur Eurasanté

Neurologue, enseignant, soignant et chercheur, acteur engagé dans la gouvernance hospitalo-universitaire, le Pr Alain Destée vient de prendre la présidence du Conseil scientifique et éthique (CSE) du Bio-incubateur Eurasanté. L’occasion de revenir sur un parcours riche, ses motivations à rejoindre cette instance et sa vision pour lui insuffler une nouvelle dynamique.

 

Vous avez un parcours hospitalo-universitaire particulièrement dense. Quelles en sont les grandes étapes marquantes ?

Ma formation en neurologie initiée au CHU d’Amiens s’est faite surtout au CHU de Lille. Après ma nomination comme Professeur j’ai eu la chance d’être nommé rapidement chef d’un service au moment où il intégrait une « Clinique », précurseur des pôles d’aujourd’hui. Cette nouvelle organisation ambitieuse s’accompagnait d’une spécialisation. Je me suis alors orienté vers la maladie de Parkinson et plus généralement la pathologie du mouvement. Cette réponse à un vrai besoin de prise en charge clinique s’est accompagnée de la création d’une équipe de recherche dédiée, convaincu que j’étais que la recherche devait être au CHU étroitement associée aux soins et à l’enseignement.

Dans ce contexte il était naturel que je m’intéresse aux enjeux de l’organisation et de la gouvernance hospitalière. J’ai intégré la commission médicale d’établissement (CME) du CHU de Lille, que j’ai présidée pendant neuf ans, en étant élu durant mon second mandat président de la Conférence nationale des Présidents de CME de CHU. J’ai eu à ce titre la chance de participer à de très nombreuses réflexions et décisions sur l’avenir des hôpitaux et des CHU, notamment l’élaboration de la loi HPST, les travaux de la commission Marescaux sur l’avenir des CHU ou encore la structuration des centres experts en maladies rares.

Durant cette période j’ai toujours tenté de poursuivre autant que possible mes activités de soins, de recherche et d’enseignement. Au terme de ma présidence j’ai rejoint le Haut Conseil de l’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (HCERES), comme conseiller pour y terminer chargé de mission santé. Au terme de mes activités professionnelles je me suis formé à l’École des Hautes Études en Santé Publique pour obtenir le diplôme de médiateur pour les personnels des établissements de santé, mission que j’assume dans le collège Interrégional Hauts de France Normandie. Plus récemment j’ai rejoint le conseil d’administration de la Fondation IRCEM.

Pourquoi avoir accepté de présider le Conseil scientifique et éthique du Bio-incubateur Eurasanté ?

Parce qu’Eurasanté – que je connais depuis ses débuts – est une véritable chance pour notre territoire, venant compléter un campus précurseur où depuis longtemps soins, enseignement et recherche étaient associés dans une dynamique unique en France. L’accord signé autrefois entre l’Inserm, l’Université et le CHU de Lille en est un bon exemple.

Eurasanté est aujourd’hui un outil incontournable pour faire émerger et accompagner les projets innovants en santédans la région. Y prendre part en intégrant le CSE est une belle manière de contribuer à son développement et de préparer l’avenir, notamment face aux nouveaux défis scientifiques et éthiques liés à l’intelligence artificielle, aux biostatistiques ou encore aux réglementations toujours plus complexes.

Je dois avouer que je n’ai accepté cette présidence qu’en raison de la présence au CSE, à mes côtés, de compétences indispensables à un fonctionnement efficace adapté à cette évolution.

Quelles sont vos priorités pour accompagner l’évolution du Conseil scientifique et éthique du Bio-Incubateur Eurasanté?

Plusieurs chantiers sont déjà ouverts. D’abord, faire évoluer les procédures d’évaluation des dossiers, en ayant davantage de temps pour la réflexion, afin de gagner en sélectivité et en profondeur d’analyse. Ensuite, diversifier la composition du Conseil en intégrant de nouvelles compétences sur des enjeux émergents, notamment l’intelligence artificielle, les biostatistiques et la réglementation. Mais aussi, sans brider l’émergence, tenir compte des grandes problématiques de santé de notre région des Hauts de France.

À ce sujet il me paraît essentiel de faire en sorte que ce soit la totalité de la région (CHU d’Amiens, grands établissements hospitaliers) qui bénéficie de l’apport d’Eurasanté. Les compétences qui y sont présentes doivent pouvoir accéder à l’accompagnement au développement de l’innovation en santé. Celui-ci ne doit pas se limiter à la métropole lilloise, même si celle-ci pour diverses raisons concentre nombre de projets.

Quels conseils donneriez-vous aux porteurs de projet en santé qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Le premier réflexe doit être de contacter Eurasanté ! Non seulement pour bénéficier d’un accompagnement scientifique et médical, mais aussi pour évaluer la faisabilité globale de leur projet – qu’il s’agisse du recrutement, des aspects réglementaires ou financiers par exemple. L’incubateur est un atout majeur pour sécuriser et structurer les projets dès leur naissance.

Si vous deviez résumer votre état d’esprit pour cette nouvelle mission ?

Je suis convaincu que l’outil Eurasanté est plus utile que jamais. Son rôle est aujourd’hui plus important qu’il ne l’était il y a vingt ans, tant le champ de la santé s’est élargi et complexifié. L’accompagnement proposé est nécessaire pour transformer la recherche fondamentale en recherche clinique, et in fine en innovations concrètes pour les patients.

Nous devons continuer à élargir nos thématiques, à nous adapter aux évolutions du secteur, et à valoriser les forcesde toute la région Hauts-de-France. Malgré les défis – une population nombreuse, souvent marquée par des pathologies lourdes –, nous avons su maintenir un haut niveau d’excellence en recherche et en innovation. Eurasanté est une carte maîtresse pour continuer à faire rayonner la région sur la carte des grandes régions françaises de santé et d’innovation.

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